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Salima Naït Ahmed

Collaboratrice scientifique

Parcours

Je suis chercheuse en études de genre et en philosophie sociale et politique, spécialiste de la Théorie critique de l’École de Francfort et des théories féministes et antiracistes.

Après des études en sciences politiques, en histoire contemporaine et philosophie, j’ai enseigné dans différentes universités en France et en Suisse : Université de Picardie Jules Verne (Amiens), de Reims Champagne Ardenne, de Paris 1 Panthéon Sorbonne, Université de Neuchâtel. Mon travail de recherche et mes enseignements sont à la jonction de la sociologie, de la science politique et de la philosophie.

Ma thèse, soutenue en 2021, proposait une critique féministe de la pensée de Theodor W. Adorno, replacée dans le contexte de son élaboration au sein de l’École de Francfort à partir des années 1930. Dans ce travail j’expose la généalogie des questions de genre chez Adorno en retraçant l’influence des théories du matriarcat et les inspirations marxienne et freudienne. J’élabore ensuite une réactualisation de la pensée de l’aliénation proposée par Adorno, grâce à une conceptualisation renouvelée à l’aune du féminisme des notions d’aliénation et de réification. Dans ma thèse, j’examine les angles morts androcentrés des théorisations d’Adorno et de l’École de Francfort tout en soulignant le potentiel critique féministe que recèle la pensée plus spéculative d’Adorno, consacrée à la dialectique négative, aux thèmes du « non-identique » et de la « constellation ». Mon travail de thèse a été réalisé entre la France et l’Allemagne, à l’Université de Picardie Jules Verne, au Centre Marc Bloch et à l’Université Humboldt de Berlin. Mené sous la direction d’Estelle Ferrarese, il a reçu en 2022 le prix de thèse de l’Université de Picardie.

Depuis ma thèse, mon travail de recherche a pour but d’intégrer pleinement la critique féministe et antiraciste à la philosophie sociale qui connaît un renouveau important depuis les années 2000 à partir de la question de l’aliénation.
 

Recherche

Mes thèmes de recherche concernent :

  •     Les théorisations de l’aliénation féminine (objectification, sexualisation, réification, féminisme juridique),
  •     L’apport de l’École de Francfort au renouveau du féminisme et de l’antiracisme,
  •     La critique francfortoise de l’antisémitisme et sa diffusion en France,
  •     L’articulation de la critique de l’antisémitisme, du sexisme et des racismes,
  •     La généalogie de l’antisémitisme et du sexisme modernes dans les discours de l’anthropologie naturaliste des Lumières françaises et allemande

À partir de mon inspiration adornienne, mon travail de recherche se concentre actuellement sur les relations d’interdépendance entre l’antisémitisme, le racisme et le sexisme. Cette recherche se poursuit dans deux directions, l’une généalogique et l’autre épistémique.

Du point de vue épistémique, il s’agit de construire une épistémologie de la critique des racismes et des sexismes pour pallier certaines limites des théories de l’intersectionnalité. Tout en intégrant l’apport de ces théories, je propose de construire un modèle critique alternatif, intégrant la dialectique négative d’Adorno, de façon à éviter les effets réificateurs des critiques intersectionnelles qui théorisent les dominations à partir de la superposition de catégories abstraites. Les premiers résultats de ce travail ont été publiés en 2023 dans la revue Prismes, en prenant pour point de départ les débats qui naissent à partir des années 1980 sur l’invisibilisation paradoxale de l’antisémitisme dans de nombreuses théories intersectionnelles. S’intègre à cette direction de recherche, un projet éditorial de grande ampleur consacré aux théorisations pluridisciplinaires de l’antisémitisme depuis 1945. Avec mes collègues Bruno Quélennec (Paris 8 Vincennes Saint de Denis) et Memphis Krickeberg (EHESS/Université de Passau), nous préparons une anthologie de textes traduits de l’allemand représentants les différentes perspectives théoriques sur l’antisémitisme, et les évolutions de la recherche et des discussions sur cette thématique depuis 1945, et à partir des enquêtes pionnières menées sur le sujet par l’École de Francfort. L’ouvrage intitulé Penser l’antisémitisme contemporain, perspectives germanophones est à paraître aux éditions de l’Aube dans la collection de Michel Wieviorka.

La direction généalogique de mon travail propose quant à elle de tirer le fil de l’imbrication du sexisme et du racisme déjà repérée par Adorno et Horkheimer dans les années 1940 à partir des enquêtes pionnières sur l’antisémitisme. Je propose d’étudier la manifestation de l’imbrication de l’antisémitisme et du sexisme à une époque encore peu étudiée sur ce sujet, la période charnière entre les XVIIIe et XIXe siècles qui voit le développement de nombreux écrits philosophiques, en France et en Allemagne, favorables ou défavorables à l’émancipation juive et féminine, dont certains, en particulier les écrits de penseuses juives encore peu connues, prennent en charge les deux thématiques. Pour ce vaste projet de recherche impliquant un important travail de topographie des écrits et des controverses, j’ai bénéficié en 2024 du soutien financier du DAAD et séjourné en tant que chercheuse invitée au Centre pour la recherche sur l’antisémitisme de Berlin.
 

Enseignement

Au semestre d’automne, je donne le cours d’introduction aux études sur le genre qui permet aux étudiant-e-s de se familiariser avec les principaux courants théoriques sur le genre et d’acquérir les outils d’analyse de cette perspective. L’approche adoptée est interdisciplinaire.

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Contact

Université de Neuchâtel
Maison d’analyse des processus sociaux (MAPS)
Rue A.-L. Breguet 1
2000 Neuchâtel

bureau 304.3 (3ème étage)
Tél. +41 32 718 1487

[email protected]

https://salimanaitahmed.com/

 

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