Communiqué
le festival au-delà du divertissement : analyse d'un ethnologue neuchâtelois
Neuchâtel, le 21 juillet 2009. La période des festivals bat son plein. Une étude menée à l'Université de Neuchâtel dresse justement le portrait ethnographique de l'un d'entre eux : le Classic Openair de Soleure. L'analyse en question se penche sur les comportements qui entourent cet événement. Qui le fréquente ? D'un ton libre et neutre, l'auteur de l'étude montre pourquoi il est de bon ton de se faire voir sur la place publique à cette occasion. Il fait également ressortir les enjeux économiques liés à ce festival lyrique et regarde dans quelle mesure le monde économique se l'approprie.
José Carreras, Boiko Zvetanov, Gwyneth Jones, Elena Mosuc et bien d'autres encore sont venus un jour ou l'autre à Soleure. Comment une petite ville d'environ 20'000 habitants parvient-elle à attirer tous ces grands noms de la musique lyrique ? La réponse tient en deux mots : Classic Openair. Ce festival lyrique a été lancé en 1991 par l'homme d'affaires et mélomane Dino Arici.
Dans son travail de mémoire à l'Institut d'ethnologie de l'Université de Neuchâtel, Claudio Foppa décrypte ce grand événement de la culture soleuroise. Quels comportements, quelles opinions, quelles désapprobations cette manifestation génère-t-elle ? Après une description minutieuse, l'ethnologue replace le festival dans un contexte politique, social et économique plus général. Il se penche notamment sur l'implication des milieux économiques. Comment ces derniers perçoivent-ils leur relation avec le patrimoine culturel ?
Un festival comme le Classic Openair ne saurait en effet se passer des nombreux rituels commerciaux qui se sont peu à peu cristallisés autour de lui. Le côté mondain de la manifestation séduit particulièrement les firmes qui s'en saisissent pour faire du marketing event. Elles achètent ainsi des tickets par dizaines pour les offrir à leurs meilleurs clients ou partenaires. Claudio Foppa décrit par le menu le rituel qui entoure l'accueil des VIP. Il relève également l'effet « Cüplipublikum » favorisé par cette pratique, c'est-à-dire l'afflux de personnes qui viennent à l'opéra pour satisfaire leur curiosité ou pour « y avoir été », plutôt que par pures motivations musicales.
Son étude met en exergue l'appropriation de la culture par le monde économique, principalement régi par des raisons utilitaristes. L'auteur s'avoue ainsi tenté « de considérer notre festival comme une métaphore de ce qui se passe dans le monde de la culture depuis les années 1980 dans la mouvance du néolibéralisme ». Il s'interroge sur l'avenir de la culture privatisée en proie à de nombreuses incertitudes - économiques ou autres - et lui oppose la stabilité des institutions au bénéfice de subventions étatiques qui remplissent leur fonction citoyenne de façon souvent plus discrète.
Contact
Claudio Foppa
Institut d'ethnologie de l'Université de Neuchâtel
tél. 079 237 83 50
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