Communiqué
Les parcours migratoires des jeunes diplômé-e-s jurassien-ne-s
02 juillet 2013
Ce matin, Patrick Rérat, chercheur de l’Université de Neuchâtel, a présenté son étude sur les parcours migratoires des jeunes diplômé-e-s jurassien-ne-s. Soutenue par le Canton du Jura et la Fondation Anne et Robert Bloch (FARB), cette étude révèle que 40% des diplômé-e-s universitaires et 51.6% des diplômé-e-s des hautes écoles spécialisées (HES) qui ont obtenu leur titre entre 2000 et 2010 vivent dans le Jura. Elle décrypte les raisons de leur retour ainsi que les raisons qui ont motivé d’autres diplômé-e-s à s’installer dans une autre région. Cette étude révèle aussi que quel que soit leur choix, les jeunes diplômé-e-s manifestent un fort sentiment d’appartenance à leur canton d’origine.
Que deviennent les jeunes diplômé-e-s jurassien-ne-s des hautes écoles une fois leur formation terminée ? Combien d’entre eux retournent dans leur région d’origine ? Qui sont les diplômé-e-s qui reviennent ? Quel est le profil de ceux qui s’installent dans une autre région ? Quels critères ont-ils pris en considération dans leur décision ? Telles sont les principales questions auxquelles a répondu une recherche menée par Patrick Rérat de l’Université de Neuchâtel et soutenue par le Canton du Jura, la Confédération et la FARB.
La mobilité des jeunes diplômé-e-s renvoie à d’importants enjeux en termes de développement régional et se trouve au cœur des préoccupations de nombreuses collectivités territoriales. Cette recherche s’est intéressée aux différentes dimensions des parcours migratoires des diplômé-e-s des hautes écoles et en propose une analyse approfondie sur la base d’entretiens et d’une enquête par questionnaire à laquelle ont participé plus de 900 diplômé-e-s jurassien-ne-s.
L’étude montre que les flux migratoires sont en premier lieu orientés vers certaines zones urbaines comme les villes de Lausanne et de Neuchâtel et leur région. Un nombre non négligeable de migrations de retour est néanmoins constaté. En effet, 40% des diplômé-e-s universitaires et 51.6% des diplômé-e-s des hautes écoles spécialisées (HES) qui ont obtenu leur titre entre 2000 et 2010 vivent dans le Jura.
L’enquête a également révélé que la tendance au retour diffère selon les caractéristiques des diplômé-e-s. C’est le cas du domaine d’activité, phénomène qui reflète la surreprésentation de certaines branches dans la structure économique régionale (l’enseignement par exemple) et la rareté d’autres débouchés. D’autres variables exercent une influence tout aussi voire plus importante. Les caractéristiques du/de la partenaire (son origine et son niveau d’éducation), le type de ménage ainsi que le niveau d’éducation et l’histoire migratoire des parents influencent clairement la tendance à revenir ou non dans le Jura.
Les questions professionnelles constituent un facteur central dans les migrations des jeunes diplômé-e-s et ceci d’autant plus que la majorité des couples se composent de deux partenaires disposant d’un titre d’une haute école. Il serait toutefois erroné de réduire la mobilité des jeunes diplômé-e-s à ces seules questions.
Les critères liés à la vie sociale (partenaire, cercle d’amis, famille, attachement à la région) sont particulièrement importants notamment dans les migrations de retour. Pour les personnes s’étant installées ailleurs, l’intégration sociale, avec l’intégration professionnelle, représente un obstacle croissant à un retour dans la région d’origine.
L’impact du cadre de vie est également à relever. Les personnes s’étant installées dans le Jura tendent à valoriser le cadre de vie rural. Pour les diplômé-e-s vivant ailleurs, le choix a lui aussi été grandement influencé par des aspects liés à un contexte résidentiel plus urbain (volonté de changement, offre culturelle et de loisirs, etc.).
A l’inverse, les facteurs d’ordre strictement économique et financier (tels que la fiscalité) ne jouent qu’un rôle négligeable au moment de la prise de décision.
Une présentation de l'étude a eu lieu en présence des membres du Gouvernement jurassien et des chefs des principaux services concernés par la problématique. Si cette étude n’avait pas pour objectif de livrer des recommandations, elle propose un diagnostic des différentes dimensions des parcours migratoires des jeunes diplômé-e-s jurassien-ne-s. Elle permet ainsi d'identifier avec plus d'exactitude les axes (perspectives professionnelles, cadre de vie, etc.) sur lesquels il est possible d'agir pour favoriser le retour dans le Jura de ces personnes hautement qualifiées afin qu’elles participent à l’essor du canton. Cette étude incite également à considérer les ressortissants installés hors des frontières cantonales comme des ressources. Le fort sentiment d'appartenance des jeunes diplômé-e-s à leur région d'origine doit ainsi permettre d'instituer un réseau de Jurassien-ne-s établi-e-s à l'extérieur du canton (diaspora), afin de s'assurer l'accès à leurs compétences en priorité à des fins de développement régional.
Le livre « Après le diplôme. Les parcours migratoires au sortir des hautes écoles » a été publié aux Editions Alphil-Presses universitaires suisses (www.alphil.ch).
La recherche a reçu le soutien de la Fondation Anne et Robert Bloch pour la promotion de la création culturelle dans le Jura (FARB), de la République et Canton du Jura, de la Confédération et de l’Université de Neuchâtel.
Contact :
Patrick Rérat
Institut de géographie & Groupe de recherche en économie territoriale, Université de Neuchâtel
tél. : 032 718 16 38
[email protected]
Olivier Tschopp
Chef du Service de la formation des niveaux secondaire II et tertiaire (RCJU)
Tél. : 032 420 71 60
[email protected]