Communiqué
Les cabanes de montagne filmées par une ethnologue de l’UniNE
19 février 2013
Depuis les années 2000, de nombreuses cabanes de montagne ont été rénovées ou agrandies dans les Alpes suisses et de nouvelles lignes architecturales « futuristes » apparaissent sur les hauteurs. Certains randonneurs s’opposent à ces innovations jugeant que « la cabane n’est ni une auberge, ni un hôtel ». Ethnologue diplômée de l’Université de Neuchâtel, Fabienne Défayes livre les résultats d’une étude menée en Valais dans trois bâtiments aux profils distincts. Un travail original constituant le 13e numéro de la revue Ethnoscope, avec en bonus un DVD, support premier d’une démarche scientifique initiée caméra au poing.
Une cabane en pierre dans un paysage montagneux, une étape pour aller plus loin, plus haut. Dans son antre se mêlent l’accueil du gardien, l’odeur de la soupe, le goût du thé, le bruit des pas sur le plancher en bois, la proximité des autres. La cabane est protection, car derrière la porte, c’est l’obscurité qui gagne les cimes et la nuit finit par avoir raison de tout. Mais certaines cabanes sont confrontées à une hausse notable de fréquentation. Sa nature première d’étape vers un sommet est maintenant doublée de celle de but. Une nouvelle clientèle se profile alors ; la promotion pour la randonnée et le ski de randonnée, ainsi qu’un meilleur accès à ces sports n’y sont pas étrangers. Devant ces faits, de nombreuses rénovations ou agrandissements ont été effectués depuis les années 2000 pour répondre à la hausse de fréquentation et offrir un service adéquat aux clients. Des questions de sécurité, d’hygiène et de gestion économique entrent en jeu.
A l’extérieur, de nouvelles lignes architecturales « futuristes » se définissent ; on s’éloigne de l’image d’Epinal du bâtiment en pierre. A l’intérieur, les architectes redéfinissent l’organisation de la cabane ; l’espace où travaille le gardien est privatisé, la cuisine est dotée d’un équipement professionnel, les dortoirs sont plus petits, le duvet remplace la mythique couverture militaire « qui pique ». Ces modifications influencent les contacts entres les clients et avec le gardien, les rapports entre usagers devenant plus impersonnels. Or, dans l’imaginaire collectif, la simplicité, la petitesse et la convivialité sont les attributs de la cabane.
Certains randonneurs s’opposent aux rénovations : « la cabane de montagne n’est ni une auberge, ni un hôtel ». Pour tenter de comprendre l’origine de ces oppositions ainsi que leur nature, Fabienne Défayes a mené une enquête dans trois lieux aux profils distincts situés dans le canton du Valais. La première est la cabane de la Tsa. Privée, elle est gardiennée depuis 25 ans par la même personne qui tient à conserver son aménagement très simple. La seconde est la cabane des Vignettes, rénovée en 2008 et placée sur la Haute Route Chamonix-Zermatt. La dernière est la Rambert, dont les travaux de modernisation sont actuellement en discussion. L’étude donne la parole aux randonneurs, aux gardiens, au Club alpin suisse ainsi qu’aux architectes travaillant sur ces projets. En arrière-plan, ce sont les changements autour des sports de montagne et de ses codes qui sont en jeu. Car un refuge est indissociable de son milieu et du chemin qui le lie avec le bas.
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Pourquoi ne pas en rester à quelques planches de mélèze ?, texte et DVD, revue Ethnoscope, numéro 13, publiée par l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel à commander par courriel auprès de [email protected] ou en appelant le 032 718 17 10.