Communiqué

Sciences cognitives: l'éveil de l'intérêt chez les bébés

26 juin 2017

Les bébés sont capables de comprendre dès l’âge d’un an l’intérêt que porte un adulte à un objet. C’est ce qui ressort de la thèse de doctorat de Daniel Dukes menée à l’Université de Neuchâtel (UniNE) sous la supervision du professeur Fabrice Clément. Cette découverte du Centre de compétences en sciences cognitives marque un progrès significatif dans l’étude des processus de socialisation des individus. Elle figure au menu du colloque Foundations of Affective Social Learning organisé par l’équipe de l’UniNE et qui se tient jusqu’à mardi à Montézillon (NE).

Depuis des années, Fabrice Clément scrute les prémisses de la socialisation des individus, en cherchant à mettre en évidence les voies par lesquelles des informations sociales parviennent à l’enfant. Et pas seulement par un dialogue explicite et direct. « Actuellement, le processus de socialisation est souvent une boîte noire », résume le chercheur. Pour y voir plus clair, il a imaginé le concept du Babylab, dans lequel on observe les bambins en interaction avec différents objets : les uns suscitent un intérêt marqué, les autres sont complètement délaissés, en fonction de ce que l’enfant aura appris auparavant sur l’importance ou non de ces objets.

Dans l’une des expériences entreprises au Babylab de l’Université de Neuchâtel, un adulte entre dans une pièce où se trouve également le bébé qui sera témoin d’une scène, sans jamais toutefois être sollicité directement. L’adulte a devant lui deux jouets. Il saisit le premier, l’observe attentivement avec une mine intéressée. Quant au deuxième jouet, il le regarde avec désintérêt. En sortant de la pièce, l’adulte pousse un tiroir devant le bébé où se trouvent les deux jouets. Quelles seront les réactions de l’enfant ?

«Avant neuf mois, le bébé saisit indifféremment l’un des deux objets, indique Fabrice Clément. Dès douze mois cependant, il va choisir et scruter plus attentivement le jouet pour lequel l’adulte aura manifesté de l’intérêt.» Ce constat permet de situer l’âge à partir duquel un bébé est capable de comprendre qu’un objet a véritablement de l’importance au regard des autres. La conscience de l’intérêt que des objets suscitent auprès d’autres personnes apparaît donc déjà à douze mois.

Mais à peine quelques semaines plus tard, une surprise frappe les chercheurs. «A quinze mois, le bébé inverse complètement son comportement, note Fabrice Clément. Il prend systématiquement dans ses mains le jouet délaissé par l’adulte. Et on ignore encore le pourquoi de ce revirement.» Le chercheur avance cependant deux hypothèses: soit l’enfant considère que l’objet préféré de l’adulte est sa propriété, donc il ne peut plus se l’approprier ; soit le bébé cherche à comprendre les raisons pour lesquelles l’adulte ne s’y est pas intéressé.

Cette énigme figure parmi les sujets qui alimenteront le colloque sur les fondements de l’apprentissage social par les émotions organisé par Daniel Dukes, Magali Mari et Fabrice Clément jusqu’au 27 juin. Les organisateurs ont invité sur sol neuchâtelois les spécialistes du domaine avec le soutien du NCCR Affective Sciences, un Pôle de recherche national dont fait partie le Centre de sciences cognitives de l'Université de Neuchâtel.

Le communiqué au format pdf

Contact :

Prof. Fabrice Clément
Co-directeur du Centre de sciences cognitives
Tél. +41 32 718 19 16
[email protected]


 

Dr Daniel Dukes
Centre de sciences cognitives
Tél. +41 32 718 16 17
[email protected]
https://dukes.space

En savoir plus :

Pour faire participer votre enfant de 6 à 18 mois aux recherches de l’UniNE:

www.unine.ch/islc/home/recherche/anthropologie-cognitive-et-scien/babylab.html

 

Le colloque Foundations of Affective Social Learning: dukes.space/general-information

 

Le NCCR Affective Sciences: www.affective-sciences.org