Communiqué

Sus à la drosophile ravageuse de fruits frais

23 janvier 2018

Originaire d’Asie orientale, Drosophila suzukii cause de sérieux dégâts dans les cultures fruitières d’Europe et d’Amérique du Nord. Mais un moyen de lutte naturel existe sous la forme d’une petite guêpe japonaise qui dépose ses œufs dans la larve de ce ravageur, empêchant la prolifération de l’organisme indésirable. Une thèse de doctorat menée à l’Université de Neuchâtel (UniNE) en partenariat avec le centre de recherche CABI à Delémont (JU) démontre que cette guêpe est un bon moyen de lutte, car elle ne cible aucun autre hôte local que la mouche asiatique ravageuse pour assurer sa reproduction.

Introduite en 2008 depuis l’Asie, vraisemblablement à l’état larvaire dans des fruits infestés, la drosophile à ailes tachetées (Drosophila suzukii) entraîne des pertes considérables en Europe et en Amérique du Nord. Aux USA, les coûts dus à ce fléau se montent à plus de 500 millions de dollars par an. Fraises, framboises, myrtilles ou abricots figurent parmi les victimes de cette mouche qui s’en sert pour y pondre ses œufs.

«Mais cette mouche ne se limite pas aux champs cultivés, note Pierre Girod, doctorant à l’UniNE qui vient de soutenir sa thèse sur ce sujet. Le milieu naturel offre également de nombreuses possibilités de reproductions (baies sauvages, fraises des bois, sureau, lierre, et même le gui). Cette capacité à attaquer de nombreux fruits explique pourquoi la drosophile s'est très vite disséminée dans les zones envahies.»

Comme c’est souvent le cas en biologie, il existe un moyen naturel pour empêcher la prolifération d’un organisme indésirable, en recherchant son prédateur dans la région d’origine du ravageur. En l’occurrence, il s’agit de mettre la main sur un insecte parasitoïde, autrement dit un prédateur qui pond ses œufs dans la larve du ravageur, entraînant inévitablement la mort de ce dernier.

Durant sa thèse, Pierre Girod s’est rendu en Chine et au Japon à la recherche de la perle rare. «J'ai échantillonné sur le terrain de nombreuses populations de parasitoïdes, poursuit Pierre Girod. J'ai identifié un complexe de 8 parasitoïdes en Asie et conduit des tests de spécificité en laboratoire.»

A l’issue de ces tests, le biologiste n’a au final retenu qu’un seul candidat. C’est une petite guêpe du genre Ganaspis ramenée de Tokyo. Celle-ci s’est avérée un agent de lutte biologique très prometteur de par sa spécificité à ne pondre ses œufs que dans Drosophila suzukii.

Pierre Girod a entrepris sa thèse sous la supervision à l’UniNE d’Alexandre Aebi, maître d’enseignement et de recherche en agroécologie et de Ted Turlings, directeur du Laboratoire pour la recherche fondamentale et appliquée en écologie chimique (FARCE), actif notamment dans la lutte biologique contre les ravageurs des cultures. Le doctorant a également bénéficié de l’appui de Tim Haye et de Marc Kenis au CABI à Delémont, centre suisse d’une organisation internationale de recherche et d’information en matière de gestion durable des milieux cultivés ou naturels.

Le communiqué au format pdf

Contact :

Dr Pierre Girod
Laboratoire FARCE (UniNE) et CABI

CABI
Rue des Grillons 1
2800 Delémont
Tél.: +41 32 421 4887
[email protected]


 

Drosophila suzukii.
Photo: Tim Haye, CABI

En savoir plus :

Référence : Pierre Girod, De l‘Asie vers l’Europe, évaluation des parasitoïdes pour la lutte biologique d’une mouche ravageuse des fruits : Drosophila suzukii. Thèse de doctorat soutenue le 19 janvier 2018, Université de Neuchâtel.