Communiqué
La Suisse, pays d’immigration: multiforme et dynamique. Enseignements tirés d’un ouvrage sur la migration et la mobilité
27 mars 2019
Communiqué du nccr - on the move National Center of Competence in Research - The Migration-Mobility Nexus
Comment les personnes immigrées au cours des dix dernières années perçoivent-elles la Suisse ? Une publication du « nccr – on the move », pôle de recherche national consacré aux études sur la migration et la mobilité, livre pour la première fois les résultats réunis dans le cadre d’une enquête sur l’historique de la migration, la situation des familles et des ménages, le parcours de formation et d’emploi ainsi que sur des questions de participation politique en Suisse. Ces analyses reposent sur des données représentatives de l’enquête Migration-Mobility.
Notre société est toujours plus multiple : des personnes de tous les pays du monde vivent ici. Depuis la signature des accords bilatéraux de 2002, la composition de la population migrante a beaucoup changé : la migration pour le travail s’est vue complétée par celle des expats mobiles, qui se sont établis en grand nombre à proximité d’entreprises actives au niveau international, surtout à Zurich, dans la région lémanique et à Bâle. Malgré l’importance sociale et économique de ces groupes, on manque de données empiriques récoltées systématiquement. Le « nccr – on the move » s’est fixé pour tâche d’étudier, au moyen d’un instrument de sondage pouvant être relié à la recherche internationale, la situation des migrant·e·s et des expats francophones, germanophones, italophones, anglophones, hispanophones et lusophones (Portugal). La publication « Migrants and Expats: The Swiss Migration and Mobility Nexus », éditée par Ilka Steiner et Philippe Wanner, résume les résultats de cette étude.
Voici ce qu’il en ressort : la mise en place, depuis 2002, d’un régime dual qui réglemente la libre circulation des ressortissant·e·s de l’UE/AELE a introduit des dispositions d’admission et d’établissement plus strictes pour les ressortissant·e·s de pays tiers – s’ils ne sont pas hautement qualifiés, avec un contrat de travail – a déclenché de grands changements dans les comportements de mobilité. Parmi les personnes immigrées au cours des dix dernières années, des mouvements de migration répétés font quasiment partie du mode de vie : la plupart ont vécu dans d’autres pays avant d’arriver en Suisse. Les expats, en particulier, se révèlent très mobiles ; pour eux, les possibilités d’emploi en Suisse sont particulièrement avantageuses, en raison de la forte présence d’entreprises et d’organisations actives à l’international. Toutefois, ce sont plutôt des employés anglo-saxons de sexe masculin qui bénéficient de mesures de relocalisation de la part de l’employeur, alors qu’à qualifications égales, les femmes ou les hommes d’autres nationalités ont moins de possibilités de migrer en Suisse sous des auspices aussi favorables. Une nationalité qui ne restreint pas la liberté de voyager et un haut niveau de qualification et de formation se révèlent des facteurs primordiaux pour expliquer la mobilité transnationale. Les personnes hypermobiles, en revanche, font partie de celles qui ne trouvent que peu d’ancrage social et songent rapidement à quitter la Suisse, alors que les migrant·e·s qui poursuivent une stratégie de migration à plus long terme et se sont bien intégré·e·s dans le pays sont satisfait·e·s de la vie en Suisse et ne nourrissent pas d’intentions de repartir.
Concernant l’occupation professionnelle, tant les migrant·e·s que les expats se sentent intégrés de manière satisfaisante : c’est le cas des hommes plus que des femmes, mais surtout des personnes qui sont venues en Suisse pour y travailler (et non pour des raisons familiales ou autres). Le risque de chômage est plus élevé pour les femmes : beaucoup n’ont pas d’occupation pendant leur séjour ou travaillent à temps partiel. En outre, les ressortissant·e·s d’Espagne, du Portugal et d’Amérique latine ont de grandes difficultés à faire reconnaître leurs qualifications en Suisse. La reconnaissance des diplômes reste toutefois décisive pour une carrière de travail mobile exempte de soucis.
L’ouvrage du « nccr – on the move » montre que le sentiment d’appartenir à la Suisse augmente au fur et à mesure que le séjour s’allonge. Plus les cantons sont inclusifs dans leur culture d’accueil, plus l’identification au lieu de séjour est forte. De plus, la maîtrise de la langue locale renforce à la fois l’identification et la motivation à s’engager sur place. Plus on vit longtemps en Suisse, plus l’intérêt pour la vie sociale augmente, et ce, indépendamment du niveau de formation des personnes interrogées. Le manque de réseaux sociaux peut cependant renforcer le sentiment d’être traité de manière injuste et discriminatoire. Les migrant·e·s d’Afrique et d’Amérique du Sud parlent plus souvent d’expériences de discrimination, mais c’est également le cas de migrant·e·s et d’expats provenant de pays où une culture anti-discriminatoire s’est établie.
La publication du « nccr – on the move » repose sur les données de l’enquête Migration-Mobility de 2016. Celle-ci a permis d’interroger 5973 personnes dans toute la Suisse pendant la période d’octobre 2016 à janvier 2017. Les résultats sont représentatifs.
Le vernissage de la publication « Migrants and Expats: The Swiss Migration and Mobility Nexus » aura lieu en présence de l’éditrice et de l’éditeur ainsi que des auteur·e·s le 28 mars 2019 à l’Université de Neuchâtel, rue A.-L. Breguet 2, salle 2.310, 2000 Neuchâtel. Début à 16h45.
Laura Morales, professeure au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po renommé, Paris, présentera le livre (en anglais).
Vous trouverez les chapitres de l’ouvrage ici en libre accès: https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-030-05671-1
Contact :
Professeur Gianni D’Amato
Directeur du nccr – on the move
[email protected]
Tél. 032 718 39 30
Professor Philippe Wanner
Coéditeur du livre et Vice-Directeur du nccr – on the move
[email protected]
Tél. 022 379 89 30
nccr – on the move
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