Communiqué

la Sorbonne Nouvelle récompense une jeune docteure en lettres de l'UniNE

Neuchâtel, le 08 mai 2008.  Dans sa thèse de doctorat en lettres à l'Université de Neuchâtel, Nathalie Vuillemin s'est intéressée au moment de l'histoire où les scientifiques cessèrent d'être des poètes. Son travail vient d'être récompensé par le Prix de la thèse de Paris III et sera publié par les Presses Universitaires de la Sorbonne Nouvelle.

Aujourd'hui, on attend rarement des envolées lyriques de la part d'un texte scientifique. Il fut un temps cependant où poésie et science faisaient ménage commun.

C'est au XVIIIe siècle que s'amorce la séparation des différentes disciplines (comme la botanique ou la zoologie). L'idéal des Lumières vise en effet à éduquer. Pour cela, il s'agit d'être compris par tout le monde. Or, la science avance très vite au XVIIIe, faisant émerger de nouvelles notions qu'il devient difficile de mettre à la portée de tout un chacun.

Dans son travail de recherche, Nathalie Vuillemin a commencé par traquer les premières traces de ce conflit au sein du langage. Pour cela, elle compulse, pendant près de trois ans, carnets de laboratoires, comptes-rendus d'expérience, traités spécialisés et autres écrits que lui livrent les fonds anciens des bibliothèques publiques de Lausanne et Genève, ainsi que la Bibliothèque nationale, le Museum d'histoire naturelle et l'Académie des sciences de Paris.

Elle découvre ainsi des manières très différentes de décrire la nature. Si certains scientifiques s'en remettent à des termes très explicites pour nommer leurs sujets d'étude (« gueules de loup, pied d'alouette ou, pour les coquillages, porcelaine, couteau ou culotte de suisse »), d'autres refusent catégoriquement d'influencer l'utilisateur par des idées préconçues. En 1757, Michel Adanson propose ni plus ni moins d'inventer une nouvelle langue. Ses coquillages répondent aux noms aléatoires de chocho, kiddampuli, shundapana ou kambeul.

La place du plaisir

A partir de la linguistique, la jeune chercheuse élargit son analyse à des problématiques plus générales comme la dissection, l'usage de plus en plus courant du microscope ou la place du plaisir dans l'examen de la nature. La nature est en effet très belle et ceux qui l'étudient sont bien placés pour s'en rendre compte. Mais peut-on rester objectif tout en chantant les beautés de son sujet d'étude ? Selon Nathalie Vuillemin, « une donnée essentielle du débat est liée à une dimension proprement affective de la relation entre l'homme et la nature : il y a, dans les apparences les plus trompeuses, et parfois même dans les légendes qui les accompagnent, une beauté, une source de plaisir auxquels on ne peut renoncer sans difficulté. »

Décerné par l'Université Paris III et par les Presses Universitaires de la Sorbonne Nouvelle, le prix remis à la chercheuse lui permettra notamment de publier sa thèse de doctorat (auprès de cet éditeur).

Titre de la thèse : Les beautés de la nature à l'épreuve de l'analyse. Programmes scientifiques et tentations esthétiques dans l'histoire naturelle du XVIIIe siècle (1744-1805)

Contact


Nathalie Vuillemin
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