Communiqué
étude publiée à l'OFS : les coûts de la santé vont encore grimper ces 20 prochaines années
Neuchâtel, le 12 mars 2008. La hausse des coûts de la santé en Suisse n'est pas due au vieillissement de la population mais au progrès de la technologie médicale et aux exigences croissantes des patients. Et ces coûts vont encore grimper ces vingt prochaines années! Ce sont les conclusions d'une étude de Claude Jeanrenaud, professeur à la Faculté des sciences économiques de l'Université de Neuchâtel, qui vient d'être publiée par l'Office fédéral de la statistique.
Les dépenses de santé en Suisse, qui se montent à 52,7 milliards (2005, dernier chiffre disponible) ont fortement augmenté au cours des trente dernières années dans notre pays et l'on observe un phénomène semblable dans tous les pays développés.
Partout, les dépenses de santé ont augmenté plus vite que la production nationale, de telle sorte que la part qu'elles représentent dans le produit intérieur brut (PIB) est aujourd'hui nettement plus élevée qu'il y a trente ans. Il est intéressant de noter qu'en 1975, les dépenses de santé représentaient une part du PIB proche de 8% en Suisse, au Danemark et aux Etats- Unis. Or, en 2004, cette part atteint 8,9% au Danemark, 11,5% en Suisse et 15,3% aux Etats-Unis. Aujourd'hui, la Suisse est le pays, après les Etats-Unis, où le ratio dépenses de santé/PIB - et donc le poids du secteur santé dans l'économie - est le plus élevé.
Si tous les pays sont touchés par la hausse des coûts de la santé, ils le sont donc de manière très différente et il est important de comprendre pourquoi. Les facteurs de hausse sont à la fois nombreux et interdépendants. Ils sont liés au progrès de la technologie médicale, aux attentes de la population, à la densité médicale, à la couverture de l'assurance, à l'allongement de l'espérance de vie et à l'évolution de l'état de santé général.
Le vieillissement n'est pas la cause principale de l'augmentation
Parmi les causes de la croissance des coûts, le vieillissement de la population est celle qui est le plus souvent évoquée. La consommation médicale et la probabilité de recourir au système de santé augmentent en effet avec l'âge. Le volume de soins par patient est aussi plus élevé chez les personnes âgées. Pourtant, comme le révèle Claude Jeanrenaud dans son rapport : «le vieillissement ne contribue que pour une part relativement modeste à la hausse des coûts. La plus grande partie de l'augmentation, environ deux tiers, correspond à des facteurs non démographiques, soit le progrès technique, les changements dans les pratiques médicales et les exigences croissantes des patients».
Les coûts de la santé vont poursuivre leur escalade
Dans quelle mesure les coûts vont-ils poursuivre leur escalade dans les vingt prochaines années? Le scénario du professeur Jeanrenaud repose sur l'évolution démographique la plus probable qui prévoit un gain d'espérance de vie de 2,6 années pour les femmes et de 2,9 années pour les hommes à l'horizon 2030. Ses prévisions se basent sur la politique actuelle, donc sans nouvelle mesures visant à réduire les dépenses de santé.
Il propose deux estimations d'ici à 2030 :
- si l'état de santé de la population pendant les années de vie gagnées au-delà de 65 ans s'améliore, les coûts seront multipliés par 2,2
- s'il n'y a pas d'amélioration de l'état de santé aux différents âges, ils seront multipliés par 2,4
En 2030, ils atteindront donc quelque 111,3 milliards de francs dans la première hypothèse et quelque 122,8 milliards de francs dans la seconde. Dans les deux cas, les dépenses de santé augmentent plus rapidement que l'économie en général et cela se traduit par une hausse de la part des dépenses de santé dans le PIB.
L'étude intitulée « Déterminants et évolutions des coûts du système de santé en Suisse » peut être commandée sous forme imprimée (61 pages) ou téléchargée en format PDF à l'Office fédérale de la statistique.
Professeur ordinaire d'économie publique depuis 1980 à l'Université de Neuchâtel, Claude Jeanrenaud (62 ans) est connu pour ses travaux sur les drogues légales et illégales et son étude souvent citée sur le coût social de la consommation de tabac en Suisse.
Contact
Claude Jeanrenaud
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