Communiqué

une thèse à l'Université de Neuchâtel met le doigt sur la crise de l'eau au Cap Bon

Neuchâtel, le 09 décembre 2008. Les zones côtières affichent les plus fortes densités de population au monde. Or, leurs eaux souterraines subissent une salinisation très néfaste aux cultures. A l'Université de Neuchâtel, l'hydrogéologue Jaouher Kerrou s'est penché sur la question. La thèse de doctorat présentée au public le 12 décembre prochain donne un aperçu de la situation du Cap Bon, une zone du nord de la Tunisie qui s'achemine vers une crise de l'eau.

Dans le monde, ce n'est pas l'eau utilisée pour boire qui crée des problèmes, mais celle employée pour produire de la nourriture. C'est exactement vers ce genre de crise que s'achemine la région du Cap Bon. Une analyse de la Banque Mondiale a mis en évidence l'augmentation de la production agricole dans cette région, alors que les ressources en eau sont déjà exploitées au maximum.

A l'Université de Neuchâtel, l'hydrogéologue Jaouher Kerrou s'est penché sur la situation de cette région du nord de la Tunisie. Les problèmes de salinisation des eaux souterraines qui s'y déroulent sont significatifs d'une problématique bientôt répandue sur l'ensemble des zones côtières. La thèse de Jaouher Kerrou, qui sera présentée au public le 12 décembre prochain, ne restera pas lettre morte. Le jeune hydrogéologue, primé en 2007 par l'IST-Africa (Regional Impact of Information Society Technologies in Africa), entend en effet mettre ses résultats à disposition des gestionnaires du Cap Bon, «afin de les aider à adopter une stratégie compatible avec une gestion durable des ressources en eaux».

Comme beaucoup de zones côtières, la péninsule du Cap Bon connaît des problèmes de salinisation. L'eau de mer s'infiltre dans son sous-sol, un phénomène désigné sous le terme «d'intrusion marine». Or, la majorité des plantes cultivées ne supporte pas d'être irriguées avec de l'eau salée.

Progressant relativement lentement, la salinisation se fait néanmoins sûrement. Elle est d'autant plus inquiétante que les zones côtières, qui hébergent plus de cinquante pourcent de la population mondiale, sont le siège d'une exploitation agricole intensive.

Et les agriculteurs qui pompent l'eau du sol ne font qu'empirer les choses. En effet, comme l'explique Jaouher Kerrou, «normalement, l'eau douce arrive des terres et coule, dans le sous-sol, vers la mer. Les pompages ont un effet négatif dans le sens où ils abaissent le niveau d'eau douce. Si ce dernier descend en-dessous du niveau de la mer, les courants sont inversés et c'est l'eau de mer qui se propage vers les terres. On parle alors d'intrusion marine».

Les recherches menées par Kerrou, en collaboration avec l'Ecole Nationale d'Ingénieurs de Tunis ainsi que l'Institut National d'Agronomie de Tunisie, introduisent une approche innovante du problème. «Nous tenons compte des incertitudes sur les paramètres physiques du sous-sol en intégrant une modélisation statistique dans notre approche, reprend l'hydrogéologue. Les scénarios créés montreront, par exemple, ce que provoquerait en 2050 une diminution de la pluviométrie d'un cinquième.» Une perspective que laissent malheureusement envisager les changements climatiques en cours...

La présentation publique de la thèse de Dr Jaouher Kerrou intitulée Gestion durable des ressources en eaux souterraines côtières - Modélisation physique et probabiliste. Application à la côte orientale du Cap Bon, Tunisie se déroulera le 12 décembre 2008 à 17h30 à l'Aula Louis Guillaume (F200) de la Faculté des Sciences. La séance est publique et l'entrée est libre.

Contact


Jaouher Kerrou
Centre d'Hydrogéologie
Université de Neuchâtel
tél. 076 458 54 05
[email protected]

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Revue du FNS Horizons
Article dans le numéro de septembre 2008