Communiqué
Festival La Salamandre : malin comme un singe
Ses recherches ont habituellement pour décor un paysage baignant dans la chaleur et la sécheresse de la savane: la réserve naturelle de Loskop Dam, au nord-est de Johannesburg où l'Université de Neuchâtel mène plusieurs études comportementales sur les vervets. Mais Erica van de Waal, doctorante au Laboratoire d'éco-éthologie de l'Université de Neuchâtel, n'a pas hésité à se plonger en plein automne helvétique pour partager sa passion des singes avec les visiteurs du Festival La Salamandre 2009.
Au menu: des boîtes, et des friandises en récompense. Pour tester quoi ? Notre capacité à « singer », pardi ! L'imitation est en effet au coeur des processus d'apprentissage qu'étudie Erica van de Waal sur les vervets, les petits singes à face noire bordée de poils blancs et couvert d'un pelage gris-jaune-vert, qui vivent en liberté dans la réserve africaine.
La structure sociale des vervets se caractérise, en effet, par une forte hiérarchisation chez les mâles comme chez les femelles. Les éthologues veulent voir si le comportement d'un individu dominant face à une situation inhabituelle est imité par les autres congénères.
La méthode consiste à présenter aux singes une boîte rectangulaire renfermant une friandise (en général un morceau de pomme), bien visible derrière un clapet transparent que le singe doit soulever pour pouvoir s'en saisir. Pour corser la manoeuvre, on lui présente une deuxième boîte semblable, mais dont le clapet est traversé par une ficelle maintenue par une barre. S'il veut ouvrir la boîte, le singe doit d'abord ôter la barre qui libère la ficelle !
L'éthologue neuchâteloise a soumis six groupes à son test. Trois des groupes avaient un démonstrateur mâle et les trois autre, une femelle. Le démonstrateur observe les objets, les triture, tâtonne pour enfin trouver les gestes utiles pour parvenir à ses fins.
« Il apparaît que les autres membres du groupe n'imitent pas totalement les mouvements de leur chef. Ils savent de quel côté placer leurs mains pour ouvrir le clapet, mais ne trouvent pas les gestes exacts pour le déverrouiller. Par le passé, ces expériences ont été menées sur des grands singes en captivité, mais jamais sur des populations sauvages, en raison de l'agressivité des individus qui détruisaient le matériel ! C'est la première fois que nous disposons d'une population de primates suffisamment docile pour mener à bien ce genre d'expérience.»
A Morges, Erica van de Waal et d'autres membres du laboratoire neuchâtelois attendent de pied ferme les visiteurs : sauront-ils faire mieux que les singes ? Pas si sûr, car il y aura des pièges!
Contact
Erica van de Waal
assistante doctorante,
Laboratoire d'éco-éthologie
Tél. : 032 718 31 14
[email protected]
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Uninews No 3 :
Entre singes et savants