Communiqué

une étude de l'Université de Neuchâtel montre l'intérêt public de la punition égoïste

Neuchâtel, le 8 novembre 2010.  Ils sont égoïstes, mais leur comportement profite à la communauté tout entière. Pour l'instant, cette observation se rapporte au couple formé par un poisson des récifs coralliens et son parasite. Dans l'article scientifique qu'ils publient ce mois-ci, les deux biologistes de l'Université de Neuchâtel, Andrea et Redouan Bshary, n'hésitent pas à transposer en partie leurs résultats à l'espèce humaine.

Un comportement égoïste, sans aucune considération de l'intérêt des autres membres du groupe, peut néanmoins contribuer au bien public. C'est l'étonnante découverte mise en exergue sur des poissons des récifs coralliens de la Mer Rouge par deux chercheurs de l'Université de Neuchâtel. Leurs résultats sont publiés dans l'édition de novembre de la revue scientifique Current Biology.

Andrea et Redouan Bshary, du Laboratoire d'éco-éthologie de l'Université de Neuchâtel, s'intéressent à la coopération au sein de populations de poissons coralliens. Dans l'article qu'ils publient, les deux biologistes décrivent le système formé par un poisson hôte et son parasite, le Blennie aux-dents-de-sabre, spécialiste de l'attaque en «coup de dents par derrière».

Certains individus poissons réagissent à la morsure inopinée en chassant la Blennie. En la punissant de la sorte, ils diminuent la probabilité de subir de nouveau une attaque. Les Blennie aux-dents-de-sabre sont en effet capables de distinguer les poissons qui vont se défendre de ceux qui vont se laisser faire. On peut donc qualifier d'égoïste le comportement d'un poisson qui punit le parasite, puisqu'il en retire un bénéfice direct.

Or, au cours de leurs recherches, les scientifiques neuchâtelois ont réalisé que ce comportement égoïste entraîne néanmoins des retombées positives pour les autres membres du groupe. En effet, le parasite chassé va désormais laisser l'ensemble de la communauté tranquille et se tourner vers d'autres espèces pour trouver sa pitance.

Les résultats mis en exergue par les deux biologistes se laissent en partie transposés à l'humain. «Les scientifiques qui travaillent sur les humains conçoivent généralement leurs expériences en partant du principe que les contributions apportées par les individus ne relèvent pas d'un sentiment égoïste, commente Andrea Bshary. Une question importante consiste à départager les occasions où, dans la vie réelle, la coopération au sein d'un groupe repose effectivement sur ce genre d'hypothèses, de celles où elle résulte uniquement d'une motivation égoïste.»

Bshary et Bshary, Self-Serving Punishment of a Common Enemy Creates a Public Good in Reef Fishes, Current Biology (2010), doi :10.1016/j.cub.2010.10.027

Contact

Andrea Bshary
doctorante, Laboratoire d'éco-éthologie
Institut de biologie
Université de Neuchâtel
[email protected]

 

Redouan Bshary
professeur
Laboratoire d'éco-éthologie
Institut de biologie
Université de Neuchâtel
[email protected]