Communiqué
Fantômes, esprits et autres morts-vivants
30 novembre 2011
La série Twilight n’a rien inventé. La littérature du XIXe siècle regorgeait déjà de vampires et autres morts-vivants. Professeur de littérature française moderne à l’Université de Neuchâtel, Daniel Sangsue en a tiré un ouvrage encyclopédique publié chez José Corti, l’un des grands éditeurs français indépendants du XXe siècle (éditeur de Breton, Eluard, Char ou Julien Gracq, entre autres). Dans cet essai salué par la prestigieuse revue Fabula, l’auteur cherche notamment à saisir les raisons pour lesquelles le XIXe siècle s’est tant préoccupé des esprits.
La revue en ligne Fabula , qui fait référence en matière de recherches et d’études littéraires, ne s’y trompe pas ! Elle fait l’éloge du dernier ouvrage de Daniel Sangsue. Ce professeur de littérature française mo-derne à l’Université de Neuchâtel consacre son dernier ouvrage à ceux qu’on appelle les revenants, morts-vivants, apparitions, fantômes, esprits, spectres, ectoplasmes, visions, ombres ou vampires. Ces êtres immatériels ont de tout temps peuplé la littérature. Il est cependant une période où la littérature se montre particulièrement ouverte à leur égard. En effet, Daniel Sangsue relève que « tous les écrivains du dix-neuvième siècle ont parlé des revenants […] que ce soit pour en défendre l’existence ou la réfuter, pour témoigner en avoir vu ou s’en moquer ».
Ce professeur de littérature française moderne de l’Université de Neuchâtel s’est pris de passion pour les fantômes à l’occasion de recherches entreprises sur les vampires. « Je me suis alors rendu compte que la hantise des fantômes traverse tout le XIXe siècle », confie-t-il. Le gros livre qu’il publie aujourd’hui aux éditions José Corti (qui ont entre autres publié Breton, Eluard, Char et toute la production littéraire de Julien Gracq) représente le résultat d’une recherche impressionnante sur les innombrables fantômes, têtes coupées qui parlent, mortes amoureuses ou tables tournantes qui hantent la littérature française du XIXe siècle.
Cet essai de pneumatologie* littéraire se divise en deux parties. Dans la première, l’auteur présente des généralités sur la question de la revenance. Dans la seconde, il étudie le rapport entretenu par un certain nombre d’écrivains avec les fantômes.
Les différentes formes que prend la revenance au dix-neuvième siècle sont passées en revue. Mais l’ouvrage suit également les débats scientifiques, théologiques et philosophiques auxquels la revenance a donné lieu. Il cherche à éclairer les conditions historiques qui ont favorisé ce déferlement de fantômes dans la littérature : nouvelle relation à la mort, fascination pour l’occulte, traumatismes liés à la Révolution, phobie de l’inhumation précipitée et autres peurs que la psychanalyse et l’anthropologie aident à com-prendre.
L’histoire de la sensibilité fantomatique proposée dans cet essai passe surtout par l’exploration des très nombreuses œuvres littéraires inspirées par les revenants : des nouvelles de Nodier, Nerval, Mérimée et Maupassant au théâtre de Madame de Girardin et Victorien Sardou, des romans de Stendhal aux poèmes de Baudelaire, en passant par les procès-verbaux des tables parlantes hugoliennes. Le lecteur est convié à un fascinant parcours qui montre, entre autres, les affinités profondes liant le monde de l’au-delà à l’écriture, quand celle-ci est conçue comme une « sorcellerie évocatoire ».
*pneumatologie : Terme par lequel les philosophes désignaient autrefois la science de ce qui avait trait à l'âme, à l'esprit.
Contact
Daniel Sangsue
Institut de littérature française moderne
Université de Neuchâtel
Tél. 032 718 16 88
[email protected]
Daniel Sangsue, Fantômes, esprits et autres morts-vivants, essai de pneumatologie littéraire, José Corti, Les Essais, 2011 ISBN 978-2-7143-1067-5
En savoir plus
Le livre de Daniel Sangsue a déjà suscité de nombreux échos :
lekti-ecriture.com
lesmaitresfous.blogspot.com
lebourlingueurdu.net
Voir aussi l'article d'Alexis Brocas, "Tout le spectre des spectres", dans Le Magazine littéraire, n° 514, déc. 2011, p. 41.