Communiqué

Colloque Jean Du Bellay: cardinal, diplomate, écrivain et mécène

Le 04 mai 2012

Haut prélat de l’Eglise, ambassadeur à Londres, grand amateur d’architecture et de statues antiques, protecteur de Rabelais et du poète Joachim Du Bellay, Jean Du Bellay (1492-1560) se trouve à la croisée des mondes religieux, diplomatique, politique et culturel. Sa riche personnalité valait bien un colloque qui se tiendra aujourd’hui et demain à l’Université de Neuchâtel. C’est en effet au sein de notre Alma mater que la prolifique correspondance du cardinal (plus de 2'000 missives) fait l’objet d’une édition financée depuis 2004 par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS).

Initiée en 1905, puis reprise dans les années 1960 par Rémy Scheurer, professeur honoraire, cette vaste entreprise éditoriale est aujourd’hui dirigée par Loris Petris, professeur à l’Institut de langue et civilisation françaises (ILCF), qui a mis sur pied ce colloque soutenu par l’Université de Neuchâtel, le Fonds national suisse de la recherche scientifique, l’Université du Maine, l’Institut universitaire de France et l’Ecole pratique des Hautes Etudes.

« L’édition de la correspondance du cardinal Jean Du Bellay et de ses Poemata appelle à un réexamen de l’implication politique et culturelle de ce prélat diplomate, épistolier, mécène et poète néolatin », écrivent les organisateurs de l’événement. « Préciser le rôle d’intermédiaire politique et culturel que joua Jean Du Bellay est l’objectif de ce colloque, indique Loris Petris. Entre histoire, rhétorique, textes et culture antiquisante, nous espérons y parvenir en nous rapportant à l’action du personnage, ses textes, ses réseaux, ses médiations, son entourage matériel et son influence. »

A travers cette étude de cas, les spécialistes européens s’interrogeront sur le rôle des prélats serviteurs de l’Etat et les conflits de fidélités auxquels ils peuvent être confrontés. Jean Du Bellay est en effet un homme d’action et de culture incontournable de l’époque. Il correspond avec des rois, de hauts dignitaires, des hommes politiques et des humanistes de l'Europe de la Renaissance. Sa carrière est d'abord celle d'un diplomate. Par deux fois, il sera ambassadeur de François Ier auprès de Henry VIII, roi d’Angleterre. Quant à sa consécration au sommet de la hiérarchie religieuse, elle arrive en 1555, lorsqu’il est nommé doyen du Sacré Collège à Rome, c’est-à-dire chef du conseil des cardinaux habilité à élire un pape.
 
Jean Du Bellay impressionne aussi par sa culture de la magnificence. Disposant de revenus importants mais toujours à court d'argent, il se fait construire le château de Saint-Maur par l’architecte Philibert de L'Orme qu’il fera connaître à la cour du Roi. Il offre de somptueuses fêtes, la plus grande étant celle donnée à Rome à l'occasion de la naissance de Louis, fils d’Henri II en février 1549, et que Rabelais décrit dans sa Sciomachie. En 1549, sa maisonnée compte plus de cent personnes et c’est avec un train de quelque deux cents cavaliers qu’il traverse la Suisse au printemps 1553 pour aller à Rome …

Enfin, le personnage fait incontestablement partie de ceux qui ont contribué au renouvellement de la pensée, des arts et des lettres. Grand amateur d'art, et notamment de statues, qu'il collectionne et qu'il renvoie en France depuis Rome, il organise des fouilles archéologiques. Dans ses jardins romains comme dans ceux de sa villa de Saint-Maur, ses collections de statues émerveilleront ses contemporains et ses protégés. L’admiration de l’entourage pour son style est d’ailleurs rapportée par François Rabelais dans une lettre qui lui est adressée en ces termes : « (…) j'ai maintes fois remarqué que tout ce qu'il y avait là de gens de goût vous appelait la fine fleur des Gaules. »

Le communiqué au format pdf
 

Contact

Prof. Loris Petris

Institut de langue et civilisation françaises (ILCF)

Tél.: 032 718 18 10

[email protected]

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