Communiqué

L'insoutenable légèreté de l'efficacité énergétique

23 avril 2013

Les progrès technologiques offrent des appareils toujours moins gourmands en énergie. Pourtant, la consommation énergétique globale continue d’augmenter en raison d’un usage plus intense de ces appareils. Ce paradoxe, appelé effet rebond, fait l’objet d‘un projet soutenu par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, doté de 280’000 francs pour trois ans. Il sera également le sujet de la leçon inaugurale de son auteur, Mehdi Farsi, professeur à l’Institut de recherches économiques de l’Université de Neuchâtel (IRENE), qui se tiendra ce mercredi 24 avril.

Le concept qui se cache derrière l’effet rebond n’est pas nouveau. « Il remonte au XIXe siècle en Angleterre, au moment où, avec le progrès technologique, on a eu une amélioration de l’efficacité dans l’utilisation du charbon, rappelle Mehdi Farsi. Avec une énergie disponible meilleur marché, la consommation du charbon n’a cessé d’augmenter. »  Aujourd’hui, les industriels livrent des équipements toujours plus efficaces en termes de rendement. Les consommateurs du XXIe siècle acquièrent au quotidien des produits dernier cri, qui vont du téléphone portable à la voiture hybride, en passant par la panoplie des appareils électroménagers de plus en plus sophistiqués. L’économie d’énergie offerte par chacun de ces éléments pris individuellement ne se retrouve cependant pas entièrement dans la facture finale. En effet, elle pourrait favoriser non seulement une utilisation plus fréquente, mais aussi l’acquisition d’autres biens consommateurs d’énergie.

Mais quelle est l’ampleur du phénomène ? Les estimations divergent fortement selon les experts, indique le professeur d’économie. On cite pour l’effet rebond une fourchette qui se situe entre 20% et 60% d’augmentation par rapport aux gains de l’efficacité énergétique. « Admettons un effet rebond de 40%. Cela veut dire que si tous les appareils consommateurs d’énergie présentent une augmentation d’efficacité énergétique de 10% par rapport à la génération précédente, l’utilisateur verra sa consommation d’énergie diminuer de seulement 6 %.  » Il y a des analyses qui parlent d’effets rebonds plus considérables, surtout dans les pays en transition, qui pourraient même renverser la tendance à l’économie d’énergie à long terme. Cela signifie qu’une diminution de consommation des appareils se traduirait par une augmentation sur la facture énergétique finale de l’utilisateur. Un paradoxe plutôt préoccupant.

La recherche à laquelle vont se livrer Mehdi Farsi et ses collaborateurs est une première du genre en Suisse. « C’est la première fois que l’effet rebond sera observé selon une approche économétrique, c’est-à-dire en utilisant un modèle empirique structurel », explique le professeur d’économie. L’approche se focalisera sur les comportements individuels. Le projet s’attachera d’abord à estimer l’effet rebond dans les habitudes de transport et de voyage en Suisse. Il sera complété par une enquête expérimentale sur l’équipement utilisé en matière de chauffage, d’électronique, de transport, etc. Avec une série des choix hypothétiques, les chercheurs seront alors en mesure de proposer des appareils moins énergivores. En fonction de l’équipement choisi, il sera possible d’estimer la valeur de l’effet rebond dans chacun des cas pour ensuite en tirer des conclusions plus générales.

L’effet rebond est d’une importance cruciale pour la politique énergétique contemporaine et présente un impact sur l’environnement. De plus, en raison du rôle primordial que jouent les avancées technologiques dans les besoins énergétiques du futur, l’analyse de la demande en énergie repose en grande partie sur une bonne compréhension de l’effet rebond.

Le communiqué au format pdf

Contact :

Prof. Mehdi Farsi
Institut de recherches économiques (IRENE)
Tél. :  +41 32 718 1450
[email protected]

En savoir plus :

Leçon inaugurale du Prof. Mehdi Farsi
mercredi 24 avril 2013 à 18h15
Aula du Bâtiment principal de l’UniNE
Av. du Premier-Mars 26

Résumé de la leçon