Communiqué
Les Français aussi viennent en Suisse pour faire leurs courses
23 mai 2013
On sait que de plus en plus de Suisses traversent la frontière pour faire leurs courses en France. Mais l’inverse est vrai aussi. Une étude menée auprès des habitants de Morteau et Villers-le-Lac (Franche-Comté) par l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel montre que les Français de cette région traversent la frontière, non pas uniquement pour y travailler, mais également pour d’autres activités telles que les loisirs, les achats ou les pratiques de sociabilité.
Le travail frontalier est emblématique des relations entre la Suisse et les territoires voisins. Pour autant, elles ne s’y résument de loin pas : les pratiques quotidiennes telles que les achats, les loisirs ou encore les réseaux sociaux et amicaux se déploient également à une échelle transfrontalière comme le montre une étude menée auprès de 700 habitants des communes françaises de Morteau et Villers-le-Lac, situées à proximité du Locle et de La Chaux-de-Fonds.
Des pratiques transfrontalières variées
Les pratiques spatiales transfrontalières les plus courantes relèvent principalement des loisirs : les promenades (72 % des personnes qui déclarent faire des promenades le font également en Suisse), les sports de plein-air (62%), la fréquentation de piscine(s) (64%) et de patinoire(s) (71%), les activités culturelles (60%) et celles liées à la vie nocturne (64%). Les achats effectués en Suisse, quant à eux, concernent avant tout l’essence (67% de la population totale), certains produits alimentaires (62.5%), mais aussi les vêtements (58%) et les cigarettes (24%). Les réseaux sociaux franchissent plus difficilement la frontière même si près de 40% des habitants de Morteau et Villers-le-Lac déclarent un réseau d’amis transfrontalier.
Ces résultats concernent l’ensemble de la population ; ils sont plus élevés pour les travailleurs frontaliers. Le fait de traverser la frontière fréquemment, d’y nouer des contacts amicaux, mais aussi de disposer d’un pouvoir d’achat plus élevé, amène en effet les travailleurs frontaliers à exercer davantage d’activités en Suisse.
Les différentiels de prix : un élément parmi d’autres
Ces pratiques transfrontalières répondent à trois logiques. La première est économique et renvoie aux différentiels de prix entre les deux pays. Toutefois, il ne s’agit pas du seul facteur à entrer en jeu. Mis à part quelques produits et services, les prix en Suisse sont en effet considérés comme peu attractifs. La deuxième logique est utilitaire : l’absence de pôles urbains importants du côté français encourage les habitants de la zone frontalière étudiée à se rendre en Suisse afin de bénéficier d’une offre différente et plus large de biens et services. La troisième logique est d’ordre socio-culturel. Les préférences, habitudes ou connaissances du pays voisin varient selon les individus. Ceci explique les différences d’intensité des pratiques entre les frontaliers et les autres habitants.
La Chaux-de-Fonds, centre urbain d’un espace transfrontalier
Les pratiques transfrontalières observées se localisent en premier lieu dans la plus grande ville de la région, La Chaux-de-Fonds, et dans une moindre mesure au Locle. En plus d’offrir de nombreuses places de travail, La Chaux-de-Fonds attire les habitants de la zone frontalière française notamment pour les achats de produits spécifiques (vêtements, etc.) et pour les loisirs (bars et restaurants, activités culturelles ou cinéma). Ainsi La Chaux-de-Fonds exerce un rôle de pôle régional au-delà de la frontière.
Informations supplémentaires
Cette étude a été réalisée par Yann Dubois sous la direction du Dr. Patrick Rérat de l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel. Les principaux résultats ont été publiés en 2013 dans Belgeo, revue belge de géographie (http://belgeo.revues.org/6249).
L’étude complète est disponible en ligne : http://doc.rero.ch/record/28289?ln=fr.
Contact :
Yann Dubois
[email protected]
Dr Patrick Rérat
Institut de géographie et Institut de sociologie
Université de Neuchâtel
[email protected]
En savoir plus :
Etude complète :
doc.rero.ch
Principaux résultats de l'étude :
Revue Belgeo, revue belge de géographie