Communiqué de presse
l'émotion de la femme médecin
Neuchâtel, le 20 février 2007. Les femmes sont émotives. C'est bien connu et ça tombe bien ! Une étude montre que les femmes médecins satisfont mieux leur clientèle lorsqu'elles dévoilent leurs sentiments. Mieux que cela : les patients attendent d'elles ce type de comportement ; alors qu'ils n'exigent rien de tel chez un homme. La professeure de psychologie du personnel, auteur de cette étude, utilise un dispositif de réalité virtuel inspiré des jeux vidéo pour ses travaux de laboratoire à l'Université de Neuchâtel.
Imaginez une séance de consultation qui touche à sa fin. Le visage du médecin se brouille, ses traits se décomposent, puis renaissent sous une forme féminine. La voix aussi a changé de tonalité : plus douce, plus flûtée, plus aiguë. Comme un film rembobiné, la consultation recommence, parfaitement identique à la première séquence. Le médecin répète les mêmes questions, reformule les mêmes interprétations, se gratte le sourcil exactement de la même manière. Seule différence : il est cette fois une femme.
Cette expérience de réalité virtuelle pourrait se dérouler au laboratoire de l'Institut de Psychologie de Travail et des Organisations de l'Université de Neuchâtel (IPTO). Dans ce local, les participants, coiffés d'un casque à écrans visuels, échangent et dialoguent avec un médecin fictif, perceptible par eux seuls.
La professeure de psychologie du personnel Marianne Schmid Mast, s'est chargée de mettre en lumière les réactions des patients lors d'une consultation. Décrivent-ils par exemple mieux et plus en détail leur problème lorsque l'interlocuteur en face d'eux fait preuve d'émotions ?
Ses résultats mettent notamment en lumière un stéréotype. On attend en général d'une femme médecin qu'elle exprime ses sentiments. Ses collègues masculins jouissent au contraire d'une plus grande tolérance. Qu'ils soient émotifs ou non ne joue pas une influence marquante sur la satisfaction de leur clientèle.
Dans ses expériences, Marianne Schmid Mast pourrait faire intervenir un médecin en chair et en os. Quel intérêt trouve-t-elle à la réalité virtuelle ?
L'avantage du contrôle, tout d'abord. L'expérimentateur exerce un pouvoir total sur son personnage fictif. Il le fait parler quand il veut, comme il veut. Et surtout, il garde la main sur des paramètres aussi subtiles que les petits gestes responsables de la communication non verbale. Un résultat impossible à obtenir avec de vrais humains, qui ne peuvent s'empêcher de réagir aux signaux envoyés par leurs congénères.
Ce contrôle permet d'imputer avec certitude le changement de comportement observé chez le patient au seul paramètre modifié, le genre masculin ou féminin du médecin, par exemple.
Raison pour laquelle les participants aux expériences menées par Marianne Schmid Mast s'immergent dans un environnement fictif au moyen d'un casque particulier. Un capteur à infrarouge établit le contact avec les caméras accrochées aux quatre coins de la pièce. L'image enregistrée, d'abord travaillée par ordinateur, reproduit, sur les écrans incorporés au casque, les moindres mouvements du participant. Qu'il baisse la tête et l'environnement virtuel devant ses yeux se modifie aussitôt en conséquence.
Ce dispositif, Marianne Schmid Mast a pu l'importé des Etats-Unis grâce à un financement du Fonds national suisse de la recherche scientifique. C'est à l'Université de Californie (Santa Barbara) que la petite merveille a vu le jour il y a quelques années à peine. Inspiré des jeux vidéo, ce logiciel s'adapte aux besoins des chercheurs en psychologie.
Contact
Marianne Schmid Mast
Institut de Psychologie du Travail et des Organisations
rue de la Maladière 23
2000 Neuchâtel
Tél.: 032 718 13 94, 079 620 65 63
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