Communiqué

Lutte contre la malaria : une avancée décisive à l'Université de Neuchâtel

Neuchâtel, le 4 mars 2010. C'est la sueur humaine, couplée à une protéine du système olfactif des moustiques, qui incite ces insectes à piquer les êtres humains, risquant ainsi de leur transmettre la malaria. Le Dr Thomas Kröber du Laboratoire de physiologie animale de l'Université de Neuchâtel - dirigé par le Dr Patrick Guerin - a prouvé le rôle de cette protéine, ainsi qu'il l'a publié avec ses co-auteurs dans un article de la revue scientifique PLoS ONE qui vient de paraître. Cette découverte constitue un pas crucial dans la lutte contre la malaria.

Des chercheurs de l'Institut de biologie de l'Université de Neuchâtel participent depuis une année au consortium de recherche européen ENAROMaTIC (European Network for Advanced Research on Olfaction for Malaria Transmitting Insect Control) pour lutter contre le paludisme. Les premiers résultats de leurs efforts en vue de bloquer le fonctionnement de l'appareil sensoriel des moustiques vecteurs du paludisme viennent de paraître dans la revue scientifique PLoS ONE.

Pour rappel, les moustiques femelles trouvent leurs repas sanguins en détectant certains composants émis par les humains. Des protéines spécialisées dans leurs antennes, organe principal de l'odorat, régulent la manière dont les moustiques perçoivent les odeurs de l'hôte. Le but du projet ENAROMATIC est de court-circuiter ce processus, pour que les moustiques femelles perdent leur capacité à s'orienter vers les humains, les piquer, et transmettre le parasite de la malaria.

Les chercheurs européens et américains du consortium ENAROMaTIC - et donc ceux du Laboratoire de physiologie animale de la Faculté des sciences de Neuchâtel - démontrent comment l'une des protéines clefs du processus olfactif des moustiques, qu'ils ont réussi à cloner in vitro, se lie spécifiquement  à un constituant de la sueur. Ce couplage est capital pour ensuite activer des neurones du système nerveux central du moustique et enclencher l'acte de piqûre. Or le Dr Thomas Kröber du Laboratoire de physiologie animale dirigé par le Dr Patrick Guerin vient justement de prouver le rôle de cette protéine. Dans l'article qui vient de paraître en ligne, les chercheurs neuchâtelois démontrent comment ils ont réussi à bloquer, dans les cellules sensorielles, le messager du gène qui contient le code pour cette protéine sur les antennes des moustiques. Ensuite ils ont démontré que les moustiques chez qui cette protéine est défaillante n'émettent plus de signal neurophysiologique à l'égard du constituant de la sueur.

Ces résultats représentent une grande avancée dans la compréhension du fonctionnement du système sensoriel du moustique qui lui permet de se diriger vers l'homme. Les antennes du moustique comportent en effet plusieurs dizaines de ces protéines qui se lient à des produits dégagés par l'homme. Le but du projet est d'utiliser ces protéines dans des essais à haut débit pour découvrir des molécules susceptibles de bloquer la perception de l'homme par le moustique. Cette partie du projet est réalisée avec des partenaires industriels qui mettent à disposition des chercheurs des molécules issues de leur savoir-faire en matière de synthèse de produits synthétiques. L'objectif du projet ENAROMaTIC est en effet d'ouvrir la possibilité de mettre au point des produits permettant de bloquer la réponse du moustique à l'homme.

Contact

Thomas Kröber
Laboratoire de physiologie animale
Université de Neuchâtel
Tél. : 032 718 30 81
[email protected]

Patrick Guerin
directeur du Laboratoire de physiologie animale
Université de Neuchâtel,
Tél. : 032 718 30 66
[email protected]