Communiqué

Dimitry Queloz : Histoire de l'Etat-major général de 1874 à 1906

Neuchâtel, le 13 octobre 2010. Les années 1874-1906 représentent une période charnière dans l'histoire européenne, avec des changements géopolitiques fondamentaux et le développement des antagonismes entre les Puissances qui ont conduit à la Première Guerre mondiale. Dans son ouvrage Histoire de l'Etat-major général, tome IV. La Suisse entre quatre grandes puissances, 1874-1906, Dimitry Queloz, Docteur ès lettres et collaborateur scientifique FNS à l'Institut d'histoire de l'Université de Neuchâtel, montre le développement de l'Etat-major général (EMG) au cours de cette période mais aussi son incapacité à percevoir la réalité des menaces. Une insuffisance due à l'absence d'un véritable service de renseignement.

Cet ouvrage, qui vient de paraître aux éditions hier + jetzt, est issu d'une recherche effectuée à l'Université de Neuchâtel dans le cadre d'un projet de recherche du Fonds national suisse de la recherche scientifique dirigé par le Professeur Philippe Henry. Il fait partie d'une collection de onze livres consacrés à l'histoire de l'Etat-major général de l'armée suisse, depuis sa création en 1804 jusqu'au milieu des années 1960. Le livre, richement illustré, se divise en deux parties. La première est consacrée à l'étude de l'Etat-major général en tant qu'institution. La seconde traite de la situation géopolitique de l'époque, des menaces et des plans de défense établis pour y répondre.

Dimitry Queloz montre l'important développement de l'Etat-major général (EMG) au cours de la période 1874-1906, qui a par ailleurs vu sa position institutionnelle se renforcer parmi les autres acteurs de l'administration militaire suisse. La Loi sur l'organisation militaire de 1907 a ainsi consacré l'ensemble de ce développement et l'EMG est devenu le premier des services du Département militaire fédéral (DMF). En dépit de cette meilleure assise institutionnelle, l'EMG et ses chefs ont été la cible de vives critiques. Ils ont notamment été touchés, en 1903, par l'affaire de l'hydre, une sombre histoire mêlant querelles personnelles et divergences de conception de l'armée. Après avoir coûté leur place à quelques hauts personnages du DMF, elle a conduit à la démission du chef de l'EMG, Arnold Keller. Celui-ci a été vivement, mais injustement, critiqué dans la gestion de son institution et, surtout, la préparation de l'armée à la guerre.

La période 1874-1906 représente une période charnière dans l'histoire européenne, avec des changements géopolitiques fondamentaux et le développement des antagonismes entre les Puissances qui ont conduit à la Première Guerre mondiale. La Suisse se retrouve au milieu d'elles et son territoire contrôle nombre des meilleures voies de communication qui les relient. On comprend dès lors l'importance géostratégique de notre pays. Dans ce contexte, l'Etat-major général a perçu deux menaces principales, la France, puis l'Italie. Si l'Allemagne n'a pas été considérée comme dangereuse, l'EMG s'est tout de même méfié d'elle : le souvenir de l'affaire de Neuchâtel est toujours présent dans les esprits et l'affaire Wohlgemuth a montré que la Suisse devait rester sur ses gardes. Pour répondre à ces différentes menaces, les chefs de l'EMG ont réalisé plusieurs plans. D'une manière générale, ceux-ci sont assez offensifs, surtout dans le cas de l'Italie et de l'Autriche-Hongrie. C'est ainsi que Pfyffer prévoit de lancer une offensive destinée à s'emparer de Milan ! Il y a fréquemment eu des divergences entre les menaces extérieures réelles et les analyses de l'Etat-major général. L'absence d'un véritable service de renseignement, permanent et disposant de moyens humains et matériels suffisants, a été une des causes principales de cette incapacité à percevoir la réalité des menaces.

 

Contact

Dimitry Queloz
Tél. : 079 693.50.91
[email protected]

La Suisse entre quatre grandes puissances
Dimitry Queloz
L'Etat-major général suisse, tome IV, 2010
ISBN 978-3-03919-164-2