Communiqué

une chercheuse de l'Université de Neuchâtel revisite le don d'organes

Neuchâtel, le 14 juin 2010.  Donnez, et vous recevrez! C'est en quelque sorte le credo de Mélanie Mader, étudiante à l'Université de Neuchâtel qui soutient aujourd'hui sa thèse de doctorat portant le titre «Le don d'organes entre gratuité et modèles de récompense: quels instruments étatiques face à la pénurie d'organes?». Pour cette juriste, l'Etat pourrait augmenter le nombre de donneurs en inscrivant dans la loi des mesures incitatives.

Dans sa soutenance publique de thèse de doctorat, Mélanie Mader défend un concept tout simple: si une personne est prête à donner quelque chose, elle devrait recevoir une récompense. Appliquée au don d'organes, cette idée de réciprocité donne des «incitations non pécuniaires» et des «incitations pécuniaires indirectes».

La vente ou l'achat d'organes sont strictement interdits par la loi et doivent bien sûr le rester. Les organes, en tant que tels, ne peuvent pas avoir de valeur pécuniaire. Cependant, la pénurie d'organes est un véritable problème de santé publique et «l'Etat doit donc trouver d'autres modes d'incitation pour augmenter le nombre de donneurs d'organes», explique Mélanie Mader. Une récompense pour le geste du don permettrait à l'Etat d'exprimer une reconnaissance et une gratitude envers le donneur au nom du receveur et de la société en général. Il pourrait s'agir, par exemple, d'un allègement fiscal que l'Etat accorderait aux personnes qui s'enregistrent comme donneurs ou d'une participation à leurs frais d'obsèques.

Ces modèles d'incitation pécuniaire indirecte comportent cependant un point sensible. Ses détracteurs lui reprochent en effet d'engendrer des coûts supplémentaires pour la collectivité. La juriste de l'Université de Neuchâtel rétorque avec une proposition encore plus audacieuse: accorder aux donneurs potentiels une certaine priorité le jour où la vie les ferait passer dans la catégorie des patients en attente d'un organe.

Pour Mélanie Mader, il est clair que, dans ce dossier des transplantations, «la Confédération doit sortir de sa neutralité et se positionner en tant qu'acteur». En Suisse près de mille personnes attendent de recevoir un organe, et plusieurs dizaines meurent chaque année du fait de la pénurie. La situation est d'ailleurs d'autant plus inquiétante qu'elle empirera très certainement à l'avenir si les conditions actuelles du don et de la transplantation d'organes restent les mêmes.

La thèse de doctorat présentée aujourd'hui améliorera peut-être les chances des patients en attente d'un organe.

La soutenance publique de la thèse de doctorat de Mélanie Mader, «Le don d'organes entre gratuité et modèles de récompense: quels instruments étatiques face à la pénurie d'organes?» se tient ce lundi 14 juin 2010 à 17h30 à la Faculté de droit de l'Université de Neuchâtel, avenue du 1er-Mars 26, salle D 67.

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Mélanie Mader
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