Communiqué

de la thérapie initiatique à la quête de soi : les plantes psychotropes au coeur d'un colloque

Neuchâtel, le 22 octobre 2010. L'Université de Neuchâtel accueille les 28 et 29 octobre prochains un colloque intitulé « Pratiques contemporaines des plantes psychotropes ». Organisée par l'Institut d'ethnologie, cette rencontre fait écho à la parution d'un ouvrage collectif* consacré aux différents modes de consommation de ces substances. Des spécialistes francophones de renommée internationale - ethnologues, anthropologues, ethnopharmacologues, philosophes, psychologues, ou médecins - y présenteront leurs points de vue.

Coca, tabac, peyotl, ayahuasca, san pedro, iboga... Longtemps confinés à des rites traditionnels sur leurs lieux d'origine (Amérique latine ou Afrique), ces végétaux psychotropes ont peu à peu gagné les régions occidentales où leur consommation a entre autres été réappropriée par des mouvements New Age aspirant à de nouvelles spiritualités. Qu'on nomme leurs effets « extase », « transe », « possession », « hallucination », « délire » ou simplement « rêverie », les substances psychotropes sont à mettre en rapport avec une modification d'état de conscience des personnes qui en font usage. L'histoire humaine paraît indissociable de cette quête visant à dépasser la perception « ordinaire » du monde. Les plantes psychotropes constituent des moyens parmi d'autres pour y parvenir.

Comme le souligne Christian Ghasarian, directeur de l'Institut d'ethnologie et co-organisateur du colloque, les intervenants aborderont les dimensions initiatiques, thérapeutiques, identitaires et spirituelles en jeu. Ils s'interrogeront sur l'utilisation de ces substances qui furent jusqu'à présent associées à des croyances mises en scène dans des rituels chamaniques. Aujourd'hui, elles s'inscrivent aussi dans des actes de reformulation occidentale. On pense aux stages initiatiques pour un « développement de soi », un « travail spirituel » ou tout simplement une recherche de nouvelles «expériences». « Un point commun se retrouve cependant partout, relève l'ethnologue. En disloquant la perception ordinaire, les substances psychotropes rendent possibles des expériences qui deviennent des sources de nouveaux savoirs pour les personnes impliquées.»

L'ouvrage publié sous la direction de Christian Ghasarian et Sébastien Baud expose les perspectives croisées de deux scientifiques. Le professeur Ghasarian a étudié les réappropriations New Age néo-chamaniques aux États-Unis et en Europe, en se penchant notamment sur leurs développements impliquant l'usage de plantes psychotropes sur le Vieux Continent. Il est également chercheur associé au Laboratoire d'Anthropologie des Institutions et de l'Organisation Sociale du CNRS en France. Quant à Sébastien Baud, ce docteur en ethnologie est chercheur associé au CRESS (Centre de Recherches et d'Etudes en Sciences Sociales), à l'Université de Strasbourg. Ses travaux ont porté sur les guérisseurs et chamanes des Andes et de l'Amazonie péruviennes.

Leur livre veut pallier un manque dans la littérature francophone sur les usages des substances psychotropes d'origine naturelle à travers le monde. A noter toutefois que l'ouvrage ne se cantonne pas aux plantes exotiques... On y trouve même un article consacré à une herbe bien connue des distillateurs du Val-de-Travers et des environs: l'absinthe !

*Des plantes psychotropes. Initiations, thérapies, quêtes de soi. Collectif sous la direction de Sébastien Baud et Christian Ghasarian, Imago Editions, 2010.

Contact


Christian Ghasarian
Institut d'ethnologie
Tél. 032 718 1715
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