Communiqué

Les milieux agricoles du Jura et du Jura bernois s’associent avec l’Université de Neuchâtel (UniNE) pour créer une antenne universitaire au sein de la Fondation Rurale Interjurassienne (FRI): une première en Suisse. Ce centre de compétence veut accompagner le développement de systèmes agroécologiques durables, dans un contexte de changement climatique, avec les agricultrices et agriculteurs de la région. L’annonce a eu lieu ce jour à Courtemelon, dans les locaux de la FRI, en présence de Kilian Stoffel, recteur de l’UniNE, de Christian Tschanz, président de la FRI, de Nicolas Pape, vice-président de la FRI et président d’AgriJura, ainsi que des deux co-directeurs du nouveau centre : Olivier Girardin, directeur de la FRI, et Jérémie Forney, professeur d’anthropologie de l’environnement à l’Institut d’ethnologie de l’UniNE.

La FRI et l’UniNE ont joint leurs forces pour créer le Centre d'excellence et de compétence pour le développement de systèmes agroécologiques durables dans l’Arc jurassien dans un contexte de changement climatique (CEDD-Agro-Eco-Clim). Passerelle entre les compétences des deux partenaires, le CEDD-Agro-Eco-Clim vient pérenniser une collaboration transdisciplinaire indispensable pour répondre aux enjeux complexes de notre temps. Il se veut porteur d’une recherche impliquée dans le territoire et à l’écoute des acteurs régionaux.

Le CEDD-Agro-Eco-Clim est co-dirigé par Olivier Girardin, directeur de la FRI, et Jérémie Forney, professeur d’anthropologie de l’environnement à l’Institut d’ethnologie de l’UniNE et emploie directement une collaboratrice et un collaborateur scientifiques. Cette équipe centrale est chargée de la coordination et du développement de projets de recherches orientés vers l’action.

Le fait que cette coordination soit confiée aux sciences de la société représente une originalité dans le paysage de la recherche sur l’agriculture en Suisse. Ce choix se fonde sur le constat que les enjeux agricoles et alimentaires d’aujourd’hui et de demain sont inséparables de questions de société. Il s’agit donc d’adopter une approche holistique et englobante qui intègre tout autant les dimensions sociales et culturelles que les aspects techniques. Il s’agit également de mettre l’humain au centre pour imaginer des réponses aux défis posés par le changement climatique dans un dialogue entre la pratique et la recherche dans diverses disciplines scientifiques (ethnologie, pédologie, microbiologie, agronomie, etc.).

Le CEDD-Agro-Eco-Clim entend en effet adopter une approche résolument participative, en se donnant le temps et les moyens de saisir et d’intégrer les préoccupations des divers acteurs et actrices de l’agriculture et des filières alimentaires du Jura et du Jura bernois.

Un partenariat et un financement privé-public

En 2021, le Conseil de l’UniNE et la FRI ont initié une réflexion pour améliorer leur partenariat. Le projet d’un centre d’excellence et de compétence conjoint s’est imposé et c’est auprès de la Fondation sur la Croix que le financement principal a été trouvé. Le Canton du Jura a également contribué au financement par son fonds de Loterie. Le CEDD-Agro-Eco-Clim est officiellement né en août 2022 sur la base de cette rencontre révélant les intérêts communs entre les milieux agricoles et les acteurs publics et privés autour de la question de la durabilité de l’agriculture et de l’alimentation dans l’Arc jurassien.

Des collaborations en cours depuis quelques années

L’UniNE et la FRI collaborent depuis plusieurs années sur divers projets qui joignent approches scientifiques et pratiques agricoles. Ces collaborations préexistantes au CEDD-Agro-Eco-Clim illustrent bien les dynamiques dans lesquelles s’ancre le nouveau centre. On peut citer en exemple trois projets en cours.

Le projet Terres Vivantes s’intéresse à remettre le sol au centre des préoccupations des agriculteurs. Pour y arriver, trois acteurs s’associent pour travailler ensemble : les agriculteurs, les scientifiques et les vulgarisateurs agricoles. Le projet doit permettre aux agriculteurs, par des évaluations simples, d’effectuer eux-mêmes une appréciation de leurs sols et d’en déduire une réponse adaptée à leur situation propre. Les scientifiques et les conseillers agricoles sont à disposition pour former, orienter et valider les choix opérés par les agriculteurs.

Un autre projet a pour sujet l’agroforesterie et plaide pour un système de production durable qui intègre des arbres au sein des terres agricoles. L’initiative Agro4esterie permet de concilier la production agricole et la protection des ressources naturelles tout en réduisant l’impact environnemental de l’agriculture et en contribuant à l’atténuation des effets du changement climatique.

Enfin le projet Agriculture & Pollinisateurs interroge les actions possibles pour enrayer la disparition des insectes pollinisateurs. Ce projet, initiative conjointe des milieux agricoles et de fédérations d’apiculture, a permis de tester des mesures agricoles simples, compatibles avec les pratiques agricoles usuelles. Une équipe scientifique pluridisciplinaire avait pour tâche d’évaluer le plus objectivement possible l’efficacité de telles mesures. L’enjeu des trois prochaines années est de dialoguer avec les principaux acteurs du secteur, afin de traduire cette expérience au long terme en actions concrètes à inscrire dans les pratiques et les politiques agro-alimentaires.