"Pourquoi tu ne parles pas ?"
16.11.2021 | Vie sur le campus | Lily Galofaro, Com'meet
Eh oui, voilà maintenant plus d’une moitié de semestre qui vient de s’achever dans un semblant de normalité pre-Covid : présence sur le campus, reprise des cours en salle, discussion en face à face, interaction spontanée et directe, et toutes sortes de stimulations environnantes qui vont avec (bruits et agitation). Mais est-ce que ce retour est-il vraiment facile à vivre pour tout le monde ?
Témoignages
** à la demande des participant-e-s, les témoignages ont été anonymisés**
Un étudiant en histoire et langue et littératures françaises nous raconte : « D’un côté je suis super content car je repartage des bons moments, des discussions et mes idées à la fin d’un cours avec quelques ami-e-s. Mais d’un autre côté, je me sens réellement épuisé à la fin de la journée. Plus encore que lors de la période Webex. Je ne veux pas me plaindre ou quoi que ce soit. Mais je remarque que depuis que les cours ont repris en présentiel, j’ai des moments de « down » dans la journée ou je m’éteins complètement et je n’arrive plus et n’ai plus envie de discuter avec personne. J’aimerais juste être seul. Donc content de la reprise oui, mais avec une pointe de nostalgie. »
Ou encore cette étudiante en droit qui nous partage son ressenti des cours en ligne : « À l’annonce du premier confinement, des fermetures généralisées des universités et la transition vers un mode online, je n’ai pas été désemparée, stressée ou encore angoissée comme l’ont pu être certain-e-s de mes ami-e-s. Au contraire, j’étais comme soulagée car je pouvais enfin rester dans un lieu calme et tranquille où je me sentais bien. »
Ces situations te parlent ?
Ou bien au contraire tu n’en reviens pas que certain-e-s étudiant-e-s/ex-étudiant-e-s ont pu apprécier de se retrouver seul-e-s ? Tu te demandes comment est-ce possible de ne pas forcément aimer bavarder ou être sollicité-e ?
Un petit indice, il y a de fortes chances que leur introversion y soit pour quelque chose.
Mais l’introversion c’est quoi réellement ?
Dans un TED Talk, Susan Cain, autrice du livre « Quiet : The Power of Introverts in a World That Can't Stop Talking » explique tout simplement que l’introversion est en fait une disposition qu’on aurait dès la naissance. Cette disposition toucherait environ un tiers des personnes. À l’échelle de l’UniNE, sur 4400 étudiant-e-s, ce chiffre représenterait donc à peu près 1400 étudiant-e-s. 1400 étudiant-e-s qui se concentrent davantage sur leur intérieur que sur leur extérieur. À qui on aurait sûrement déjà répété bon nombre de fois « reviens sur terre, t’es dans la lune !»
Chacun-e d’entre nous, introverti-e, ambiverti-e comme extraverti-e disposerait d’une « batterie sociale ». C’est en quelque sorte notre énergie. Métaphoriquement parlant, celle-ci se vide quand une personne introvertie « subit » trop de stimulations venant de l’extérieur. Elle se recharge une fois isolée de toutes ces sollicitations, en étant seul-e, dans un lieu calme et tranquille. Alors qu’au contraire la « batterie sociale » de son homologue opposé se remplit grâce à toutes sortes d’interactions sociales.
Donc même si une personne à caractère introverti peut être moins à l’aise avec l’art oratoire, celle-ci possède d’autres qualités comme l’observation et l’écoute. Susan Cain précise qu’introverti-e et extraverti-e sont comme le Ying et le Yang. On a besoin des un-e-s des autres et on se complète réciproquement. Alors soyons indulgent-e les un-e-s avec les autres et aimons-nous non ?
Pour les plus intéressé-e-s, encore des témoignages :
Une étudiante en anglais et en sociologie nous fait part de son vécu : « Je remarque que ce retour est plus difficile à vivre que ce que je pensais. Je m’étais tellement habituée à être dans un petit cocon chez moi, dans ma bulle, sans avoir besoin de « faire la conversation » avec des personnes que je ne connais pas plus que ça.
J’ai aussi plus de peine à m’intégrer dans un groupe de 3 ou 4 personnes lorsqu’il faut faire des travaux de groupes et faire des « brainstorming » à chaud. J’ai horreur de cette prise de parole directe qui est souvent sollicitée lors des séminaires.
On pense alors que je suis froide, que je n’ai rien à dire, que je ne m’intéresse pas, alors que j’ai juste un fonctionnement différent pour m’exprimer. Je préfère réfléchir seule un moment, mettre par écrit mes idées et me préparer avant de m’exprimer. Ça peut être dur à comprendre, mais quand il y a trop de bruits ou de sollicitations extérieures autour de moi, j’arrive à un moment où je sature, je me renferme sur moi-même et me tais. »
Pour conclure sur cette série de mini témoignage, je vous propose encore de lire celui de cet étudiant en biologie-ethonologie : « Je vais faire un aveu ! Avant les cours en ligne, je n’avais jamais remarqué à quel point je détestais me retrouver au milieu d’un grand groupe à discuter de banalités. Et surtout à quel point j’appréciais être seul et en avais besoin. Ça peut paraître inhumain, mais j’ai adoré la période du semi-confinement ou on ne devait pas tout le temps voir du monde et se sentir obligé de parler pour combler les silences. Mais bon maintenant avec cette reprise (ça peut sembler bête) mais c’est comme une sorte de challenge qui me pousse à me dépasser. Je ne peux plus me cacher derrière un écran, ou vite quitter la réunion quand la ou le prof nous mettait dans des salles virtuelles avec d’autres étudiant-e-s, pour ne pas devoir échanger. Je pense que c’est un mal pour un bien car les interactions sociales sont quand même bonnes pour le moral ! »
Liens
Susan Cain : le pouvoir des introvertis (TED Talk)
Les introvertis contre-attaquent (L'Express)
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Biographie
Lily Galofaro
Étudiante en Bachelor en sciences de l’information et de la communication, histoire et esthétique du cinéma et allemand
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